Si les historiens ne sont pas tentés par la Genèse biblique, ce n’est pas cet argument relevé dans René Guénon qui à leurs yeux en exclue l’hypothèse : « L’homme, que l’on dit s’écarter de son centre originel dit Paradis terrestre, s’enferme dans le temps ; il ne peut plus rejoindre, pour autant qu’il est dans le temps, le point unique d’où toutes choses sont contemplées sous l’aspect de l’éternité ». L’erreur n’est pas fatale, il y a matière à discuter en ce qu’il existe une logique de la Genèse qui y pourvoie et que l’on nomme « Histoire Sainte », une sorte d’intemporel qui se manifesterait en mode successif, comme la Torah se déroule devant le visage du croyant : Dieu fit, puis il conçut Untel, qui engendra Telautre et finalement, ce qui se présentait comme un objet complètement figé dans un temps et dans un espace tout aussi indéterminés, offre des possibilités de lectures telles que n’importe qui peut prétendre parler en son nom ! C’est même là ce que l’Église Catholique a combattu, notamment en France pendant la Réforme, au nom d’un principe qui ne disait pas toujours son nom précisément mais le fait est là : l’Histoire Sainte, ayant pris parfois le pas sur la science dite humaine, certains se persuadent qu’elle est la vérité au prétexte qu’elle est dite Sainte ou sacrée.
Ceci n’a rien d’anecdotique, car c’est là précisément que le Malin plante sa première banderille, dans cet « intervalle » pris entre le sacré et le profane, c’est-à-dire le vrai et le faux, rien de moins, et qui lui sert de coin entre ces deux mondes dont il veut faire croire à la complémentarité et surtout à la nécessité hors de quoi ce monde serait un néant ! Lorsque Dieu dit à l’homme : « Tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras. », il l’informe de son pouvoir de vivre et de mourir, la vie et la mort étant nécessaires à l’existence. Car Dieu seul connaît que l’homme naît et meurt ; l’homme ne le sait pas, dans sa Genèse, mais dans la mesure où il contourne l’information, il montre par là-même qu’il veut se connaître dans sa totalité, quelle que soit la nature exacte du bien et du mal en question et donc de leurs pouvoirs, qu’il s’accapare.

Maintenant, qu’est-ce que le bien, qu’est-ce que le mal ? Il revient à chacun de se faire une opinion là-dessus, sachant tout de même que le bien et le mal diffèrent selon les individus, ce qui veut déjà dire qu’ils sont modelables à volonté.